Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Si les grands groupes ont pour la plupart structuré leur démarche RSE, parfois sous la contrainte règlementaire, ce n’est pas encore le cas des PME. Certes, les dirigeants d’entreprises de taille moyenne ont bien d’autres soucis en tête et ne voient pas toujours l’intérêt de se plonger dans les affres de la responsabilité sociale et sociétale. Ces entrepreneurs voient encore la RSE comme un centre de coût et ne se montrent guère convaincus par l’utilité de la démarche à l’heure où la crise rogne sur leur chiffre d’affaires.

C’est regrettable. Car les raisons d’agir responsable sont multiples : coûts croissants des économies d’énergie, pression du marché, nécessité de fidéliser ses talents, innovation…Au delà de ces motivations, il y a une raison qui semble particulièrement stratégique pour les PME : répondre à la pression de leurs donneurs d’ordre privés et publics engagés pour la plupart dans une stratégie d’achats responsables.

Une étude de l'ORSE enée en partenariat avec le Medef est édifiante. Elle porte sur les questionnaires RSE adressés par les donneurs d’ordre à leurs fournisseurs et révèle que les grands groupes sont de plus en plus exigeants sur la traçabilité de leur chaine de production et de distribution.

Jusqu’à présent, ces questionnaires qui s’appuient sur les grands référentiels RSE – Iso 26000, principes directeurs de l’OCDE ou Pacte Mondial- relèvent plutôt de l’autodiagnostic, sans conséquence notoire sur le référencement des fournisseurs. Mais à l’heure où l’éthique des affaires devient l’un des enjeux clés du volet sociétal de la RSE, les exigences de ces grands donneurs d’ordre tendent à se durcir. Car la réglementation et plus précisément le décret 225 du Grenelle 2, demande aux grandes entreprises de prendre en compte l'impact social et environnemental de leurs activités de manière directe mais aussi indirecte, c'est à dire intégrant clients, fournisseurs et partenaires. Pour anticiper les risques potentiels liés aux mauvaises pratiques environnementales et sociales de leurs fournisseurs, les acteurs publics et privés élaborent des questionnaires de plus en plus pointus et précis assortis de demandes de justificatifs (code de conduite, politique DD, mise en place d’indicateurs). La PME qui n’a pas entrepris une démarche RSE aura bien du mal à se justifier et sera à terme fragilisée par rapport à ses concurrents : « Le donneur d’ordre met parfois en place des points éliminatoires qui ont comme conséquence le non référencement du fournisseur (par exemple ne pas répondre à certaines questions, ne pas présenter une certaine certification, ne pas avoir d’éléments justificatifs,...) » rappelle L’ORSE.

Notation RSE des fournisseurs

Et cette exigence va se poursuivre car bon nombre de grands comptes sous-traitent ces questionnaires à des prestataires externes rompus à ce type d’exercice : « Les donneurs d’ordre font de plus en plus appel à des organismes de notation des fournisseurs pour notamment se décharger de l’aspect administratif et se concentrer sur l’exploitation et le suivi des résultats » confirme l’ORSE.

Ces prestataires spécialisés tels que EcoVadis, Afnor Solution Achats ou Carbon Disclosure Project sur l’aspect environnemental, structurent un modèle de questionnaire, l’administrent aux fournisseurs, exploitent les résultats et proposent des plans de progrès. La note RSE du fournisseur sera interprétée de manière différente selon les donneurs d’ordre relève l’ORSE. Certaines entreprises l’utiliseront pour sélectionner ou sanctionner un fournisseur lors d’un appel d’offres, d’autres recourent systématiquement à ce type de processus pour référencer un nouveau partenaire. Des audits RSE sont envisagés et proposés aux prestataires au terme de ces bilans. Si l’accent est mis sur le dialogue pour permettre aux fournisseurs de s’améliorer, il n’en demeure pas moins que la forme et le contenu de ces questionnaires n’ont cessé de s’enrichir au fil des ans.

En mai prochain, le GRI –référentiel RSE le plus utilisé par les grands comptes- proposera de nouveaux indicateurs autour de la supply chain renforçant ainsi les clauses sociales et sociétales dans les processus achats. Une raison de plus pour convaincre la myriade de PME qui travaille avec les acteurs publics ou privés de s’y mettre !

http://lautreeconomie.blog.youphil.com/archive/2013/04/15/pourquoi-les-pme-ont-interet-a-mettre-en-place-une-demarche.html